Connaître l’histoire de l’IA permet de mieux la comprendre !

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L’IA est au centre de l’actualité depuis de nombreuses années notamment avec l’arrivée de ChatGPT en Novembre 2022 qui  a permis au monde entier de discuter et de poser des questions à une entité non humaine capable d’y répondre de façon structurée.

J’avais produit des articles sur le sujet notamment après les interventions de Luc Julia, informaticien franco-américain, spécialisé dans l’intelligence artificielle et auteur du livre « L’IA n’existe pas ».

Je me suis appuyé sur sa légitimité pour rédiger plusieurs articles sur le sujet :

Ne pas oublier au passage de relire la dernière position actualisée de la CFTC sur l’IA et de parcourir le récent manifeste du projet DIALIA (“Dialogue IA”) coordonné par l’IRES en partenariat avec plusieurs organisations syndicales.

Relativiser l’impact actuel de l’IA (Mai 2024)

L’IA a pour l’instant des effets- limités et incertains  comme le rappelle cette analyse gouvernementale et aussi le MIT : « Si plusieurs rapports prédisent un fort impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi, le MIT a une approche différente et estime qu’aujourd’hui le coût de développement et de déploiement de l’IA ne permet pas de remplacer un salarié »

Contextualiser l’IA

Mais encore beaucoup de commentaires extrêmistes apparaissent , encore aujourd’hui, entre la peur de l’IA Terminator et la simple apparition d’un outil supplémentaire.

La meilleure façon de préciser ce qu’est l’IA est de raconter son histoire et comment on en est arrivé là …

Histoire de l’IA

La suite de cet article a été écrit pour ma fédération syndicale CFTC, MEDIA+, pour raconter une histoire de l’IA.

Il est difficile de comprendre l’intelligence artificielle (IA) sans connaître l’histoire de cette technologie spécifique qui ne constitue pas un danger mortel pour l’espèce humaine compte-tenu de son mode de fonctionnement, son émergence actuelle n’étant en outre que peu liée à l’accroissement de la puissance des ordinateurs.

Voici ci-dessous les phases principales de son évolution.

1956 : conférence de Dartmouth

Quelques universitaires américains organisent une conférence où est modélisé mathématiquement un neurone, mais le cerveau n’étant pas qu’un simple neurone, elle ne débouche sur rien malgré l’engouement des années 60 et 70, c’est le premier hiver de I’IA.

Années 80

La montée en puissance des systèmes experts, basés sur des moteurs de règles et des langages comme Lisp et Prolog, montre très vite ses limites et un deuxième hiver de l’IA survient au début des années 1990.

Années 90 et 2000

Cette décennie voit l’avènement significatif des réseaux de neurones encore utilisés aujourd’hui avec la survenue d’un événement médiatique, le 11 mai 1997, le premier système informatique de jeu d’échecs, Deep Blue, bat le champion du monde en titre, Garry Kasparov. Moins de 20 ans plus tard, AlphaGo de Google battra les meilleurs joueurs du monde de Go.

Les « assistants personnes intelligents » apparaissent dans les années 2000 dont le premier, Siri, pour Apple Iphone, un système co-écrit par un chercheur français, Luc Julia.

Années 2010-2016

L’avènement des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) va mettre à disposition des masses de données phénoménales (Big Data) qui permettront de lancer le Machine Learning ou apprentissage automatique. C’est un champ d’étude de l’intelligence artificielle qui se fonde sur « des approches mathématigues et statistigues pour donner aux ordinateurs la capacité d’apprendre à partir de données, c’est-à-dire d’améliorer leurs performances à résoudre des tâches sans être explicitement programmés pour chacune ».

L’une des manifestations les plus impressionnantes et, en même temps, très décevante est la mise en place de Tay par Microsoft en 2016, une IA à but conversationnel créée par Microsoft sur la plateforme Twitter. Après une journée et plus de 96 000 tweets postés, Microsoft suspend Tay qui a fini par tenir de nombreux propos racistes et misogynes.

Années 2017-2022

Une période qu’on peut qualifier « d’années folles » qui voit d’immenses espoirs et peurs apparaître sur l’IA, in fine peu compatibles avec le réel potentiel de cette technologie, à l’époque.

Quelques exemples significatifs :

  • Stephen Hawking, un des plus grands physiciens mondiaux, évoque le risque que l’IA soit dans le futur capable de s’auto-améliorer ce qui, selon lui, pourrait causer une « explosion d’intelligence » pouvant mener à l’extinction de l’humanité
  • Elon Musk décrit l’IA comme la « pire menace existentielle » Elon Musk, de nouveau, prédit dès 2017 une totale autonomie pour ses modèles de voiture Tesla c’est-à-dire le niveau 5 maximum qui est celui de l’être humain. Ses voitures n’ont jamais dépassé le niveau 2
  • Un chercheursud-coréen a prédit un Ql de 10000 pour les systèmes d’IA sachant que le Ql moyen de l’être humain est de 100 et que les génies dépassent rarement les 160
  • Laurent Alexandre, un scientifique en pointe sur le sujet de l’IA et du transhumanisme, met régulièrement en avant sur les plateaux-télé les conséquences néfastes d’un développement de l’IA ou, au contraire, sa non prise en compte
  • Dans une banlieue américaine, une ‘GoogleCar’ s’arrête et redémarre plusieurs fois sur sa route car un passant à proximité porte un sac à dos sur lequel est imprimé un ‘sens interdit’

Un chercheur français, Luc Julia, directeur mondial de l’innovation chez Samsung puis Renault récemment, a cependant refroidi ces noires prophéties en 2019 en indiquant clairement dans son livre que L’Intelligence Artificielle n’existe pas ce qui, au sens littéral du terme, est une évidence selon lui, car il n’existe qu’une seule intelligence, l’intelligence humaine.

Pendant ce temps, OpenAI, une société créée en 2015 (entre autres, avec Elon Musk (parti entretemps), Sam Altman (ChatGPT) puis Google et Microsoft) veut développer un « raisonnement artificiel à visage humain gui profitera à toute l’humanité » dont le résultat en 2020 est GPT-3, un modèle de langage, de type « Transformeur Génératif Pré-entraîné ».

Malgré une puissance sans aucune comparaison avec les autres modèles avec sa base de 175 milliards de paramètres, GPT-3 n’est pas capable de raisonnement, par exemple, de raisonnement par analogie, car il n’a pas de représentation du monde.

Exemple cité par Wikipedia en 2020 : malgré les contre- indications d’OpenAI, une start-up française conçoit un agent conversationnel médical en anglais basé sur GPT-3 et lors des phases de test, le chatbot a conseillé à un patient simulé de se suicider…

2022 : ChatGPT !

Quelques mois avant l’avènement de ChatGPT vers mi-2022, même Bill Gates n’est pas très optimiste sur les possibilités de GPT-3. Pourtant, quelques mois plus tard, en novembre 2022, naît ChatGPT, basé sur GPT-3.

Avec ChatGPT, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une entité non humaine est capable de répondre et de converser autour de n’importe quelle question standard portant sur notre environnement actuel. ChatGPT repose sur les technologies du traitement automatique des langues (NLP), des grands modèles de langage (LLM) et des chatbots et est affiné en continu grâce à l’utilisation de techniques d’apprentissage supervisé et d’apprentissage par renforcement, mais ChatGPT n’a pas accès à Internet et a une connaissance limitée des événements survenus après septembre 2021.

ChatGPT a été entraîné sur un gigantesque corpus de textes constitué de sources très diverses comme des articles de presse, des discussions sur des forums. Bref, tout ce qui est présent sous forme de texte sur internet, le tout prenant finalement peu de place, 50 gigas à l’heure actuelle.

C’est en fait une IA spécialisée dans la complétion de textes, son but étant de deviner le prochain mot d’un texte : on lui donne quelques mots en entrée qui peuvent être une question qu’on appelle ‘prompt’ et il nous rend une suite de mots plus ou moins longue sensée répondre au sujet invoqué.

Ça ne vous rappelle rien ?

En fait, c’est assez semblable aux petites propositions de textes qui apparaissent sur votre écran quand vous rédigez un mail ou un sms et qu’on appelle « texte intuitif ». C’est une technologie destinée à simplifier la saisie de texte anticipant la saisie de l’utilisateur en lui présentant à l’avance le mot qu’il s’apprête à taper.

ChatGPT est donc un immense compléteur de textes qui ne comprend rien à ce qu’il écrit car il n’a pas de représentation du monde, mais sa puissance numérique est telle qu’il risque rapidement de supprimer de nombreux emplois si nous ne faisons pas monter en compétences les personnes concernées.

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